L’hôtel abbatial érigé à 100 mètres à peine de l’église Saint-Jacques est un petit bijou du XVIIIe siècle niché au cœur de la vieille ville de Lunéville. D’apparence austère à l’extérieur, à l’exception d’un bel escalier à double volée, il révèle une décoration d’un grand raffinement à l’intérieur. L’entrée s’ouvre sur une enfilade de salons au rez-de-chaussée, tandis qu’un escalier conduit au premier étage où douze pièces luxueuses se répartissent de part et d’autre d’ une galerie. Le visiteur pénètre dans l’intimité d’une maison bourgeoise. On déambule à travers cette demeure aristocratique comme il en existait beaucoup à Lunéville, fief d’un monarque au siècle des Lumières.
Un pont entre l’histoire et la vie quotidienne au XVIIIe
Inauguré en plein Covid, l’hôtel abbatial de Lunéville est une vraie pépite pour ceux qui aiment les arts décoratifs, l’histoire et le XVIIIe. Abandonnée pendant 20 ans, cette ancienne demeure a été entièrement restaurée pour devenir un musée extrêmement vivant et intéressant à parcourir. On a l’impression que les propritaires vont apparaître à tout instant. À moins qu’ils attendent dans le salon de musique ou assis dans le jardin qui est juste au pied à l’arrière de la bâtisse.
Le premier musée participatif de France
Datant de 1728, l’ancien presbytère de la cité ducale lorraine a été transformé en musée de mille mètres carrés avec un soin extrême. On en a un aperçu immédiat en traversant la cuisine et l’office qui préfigurent la visite. Ensuite, on ne peut être qu’admiratif devant la qualité du travail réalisé par les ornemanistes et les décorateurs pour redonner vie à chaque pièce et restituer l’âme de cette époque dans le Logis abbatial.
Ce tour de force a pu être réalisé grâce au talent de Jean Louis Janin Daviet, historien et décorateur, et aux dons des mécènes qui ont fourni 90 % des objets présentés. Cela fait du musée de l’Hôtel abbatial de Lunéville le premier musée participatif de France et rend les lieux si agréables et vivants. Rien n’est figé dans cet espace muséal où les décors évoluent régulièrement. Chacun peut ainsi s’immerger dans la vie d’une famille bourgeoise en 1750.
Vivre comme un aristo du siècle des Lumières le temps de la visite
Ce type musée dit de period rooms a été pensé pour permettre au mieux l’immersion du visiteur dans la vie au XVIIIe siècle. Apparue au XIXe, cette mise en scène muséale permet de présenter des oeuvres et des objets dans un contexte de réalité leur conférant un supplément « de vie ». On est bien loin du musée traditionnel froid et vite barbant où on a du mal à imaginer à quoi pouvait servir un objet. De plus, on est sous le charme des tentures et des imprimés colorés. Ici rien n’est triste et défrêchi. C’est gai, pétillant, plein de froufrous et de volants comme cela l’était au temps de Voltaire. Le XVIII est aussi le siècle des couleurs qui claquent, du bleu céruléen et du jaune soleil, des motifs floraux exubérants.
Cela permet également aux artisans, artistes et manufactures appelés à collaborer de montrer la qualité de leur savoir-faire. Tout le monde est gagnant à commencer par le visiteur qui ne s’ennuie pas. La preuve est qu’il faut compter entre une et deux heures pour visiter la maison. Le regard se pose sur un coffret, un plat, un ruban, un drapé. A chaque fois, on découvre la grande histoire et la petite qui se cache derrière ce détail. Un régal pour les yeux et la curiosité.
Petits plats et jolis tissus
Ainsi, au fil de la visite, on entre dans une salle à manger où la table est dressée et les placards qui l’entourent montrent l’évolution des services de table tout au long du siècle des Lumières. Plus loin, un salon rappelle l’engouement pour le thé, le chocolat et le café et la création des contenants et ustensiles nécessaires à leur dégustation. On pénètre dans le cabinet de curiosités où l’on aurait plaisir à s’installer qui recèle une belle bibliothèque à moins que l’on préfère le confort du salon des dames ou de celui des Habsbourg-Lorraine. La grande galerie qui dessert les douze pièces situées à l’étage abrite enfin une centaine de gravures de Jean Bérain, grand dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi Louis XIV, né à Saint-Mihiel.
Pour finir la visite, on peut parcourir les allées du petit jardin et s’asseoir parmi les rosiers. Il ne manquerait plus qu’une tasse de thé dégustée dans ce havre de tranquillité pour que tout soit parfait dans l’Hôtel abbatial de Lunéville. Que l’on aime ou non l’histoire, on appréciera cette magnifique et agréable reconstitution. On peut la mettre en parallèle avec le château d’Haroué, autre pépite du XVIIIe siècle en Lorraine. Un lieu à conseiller et à revenir admirer au fil des expositions temporaires de grande qualité qui y sont présentées.
Hôtel abbatial de Lunéville pratique
Ouvertures :
– du vendredi au dimanche de 14h à 18h (hors vacances scolaires)
– du mercredi au dimanche de 14h à 18h (pendant les vacances scolaires – toutes les zones)
Tarifs :
Entrée : 3 €
Place Saint Rémy
54 300 Lunéville
Tel : 03 83 76 48 51
Site https://luneville.fr/culture-patrimoine/espace-museal-hotel-abbatial/
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