Le Musée des Beaux-Arts trône en majesté, place Stanislas à Nancy. Il fait pendant à l’Opéra et appelle le visiteur. Ses collections couvrant les différentes périodes de l’histoire de l’art et les nombreuses oeuvres créées par les grands noms de l’art lorrain rendent la visite d’autant plus intéressante. Par jour de pluie, ou grand beau-temps, une déambulation dans les salles à la muséographie soignée est toujours un plaisir. D’autant que les expositions temporaires donnent un excellent prétexte pour franchir le seuil de ce splendide bâtiment.
Théâtre et dissection : demandez le programme !
Le Musée des Beaux-Arts de Nancy a connu plusieurs vies. Lorsqu’il est érigé lors de la construction de la place Stanislas, le pavillon fait cohabiter le Collège de Médecine fondé par Stanislas Leszczynski et le théâtre créé par le même en remplacement de l’opéra édifié par le duc Léopold.
Au XVIIIe mieux valait ne pas se tromper au risque de se retrouver dans une salle de dissection, si l’on venait applaudir les vedettes de la comédie française en représentation au grand théâtre. Le pavillon a brûlé lors d’un incendie en 1906 et il ne reste de cette époque que le péristyle du musée que l’on traverse en allant acheter son billet d’entrée. Le bâtiment tel qu’on le connaît aujourd’hui s’est agrandi. Après une première extension ouverte en 1930, on procède à une seconde session de travaux. Cela va permettre de dégager les fortifications du bastion d’Haussonville qui protégeait la vieille ville de Nancy.
Histoire des collections du musée des Beaux Arts de Nancy
La visite débute par l’ascension du bel escalier en pierres qui mène au second étage. On y découvre le riche département de toiles de la Renaissance italienne et flamande, avec des tableaux signés du Tintoret, Le Pérugin ou Clouet. Le musée a récupéré les œuvres confisquées au clergé durant la Révolution ou à l’époque des grandes manœuvres napoléoniennes en Italie. Parmi ces « prises de guerre » , des tableaux commandés par la famille ducale de Lorraine comme l’Annonciation du Caravage.
Les grands mécènes du musée
Les collections du musée ont également grossi au fil des legs privés de généreux donateurs. Lorsque la veuve d’Henri Galilée remet la collection de son mari, les 115 œuvres permettent de constituer le socle du fonds contemporain.
Henri Galilée
Henri Galilée, né à Marseille de parents lorrains, exerce la profession d’armateur au Havre. Après son mariage, il s’installe à Paris en 1910 où il se passionne pour la peinture et les artistes en vogue. Au fil de ses acquisitions, il se constitue une collection dans laquelle on trouve des Signac, Dufy, Bonnard, Modigliani…Henri, Galilée choisissait les œuvres au coup de coeur. Aux cubistes, il préfère des peintres plus accessibles. Henri Galilée et son épouse choisissent le château de Liverdun pour abriter leur collection qu’ils rachètent à Eugène Corbin, directeur des Magasins Réunis et mécène de l’École de Nancy, En 1963, Mme Galilée décède et lègue, selon les vœux de son mari mort en 1937, cent dix-sept œuvres dont six sculptures au musée des beaux-arts de Nancy.
Jacques Thuillier
En 1999, le Musée des beaux-arts de Nancy reçoit une donation riche de 12 000 estampes et 2000 dessins. Il faut attendre 2011, pour connaître le nom du généreux donateur. Et quel nom puisqu’il s’agit de Jacques Thuillier. Spécialiste de l’art du XXe siècle,il était membre du Collège de France et grand collectionneur à l’œil aiguisé. Né dans la Meuse, il avait eu son premier coup de cœur pour l’Art lors d’une visite du musée des Beaux-arts de Nancy quand il était enfant. En compagnie de ses parents, c’était leur première vraie sortie au lendemain de la Libération.
Les incontournables du musée des Beaux-Arts de Nancy
Parmi les 40 000 œuvres signées des plus grands noms de l’Art conservées au musée, il faut admirer les tableaux ou ces sculptures d’artistes lorrains ou, ayant créé en rapport à des sujets touchant à l’histoire de la région. Après tout, quand on visite Nancy et la Lorraine, autant découvrir des artistes de renom liés à notre patrimoine culturel local. Cela justifie cette sélection très chauvine et totalement subjective, mais partagée par de nombreux fans des lieux :
Paysage de montagne de Gustave doré
La bataille de Nancy d’Eugène Delacroix
Charles le Téméraire retrouvé mort après la bataille de Feyen-Perrin Auguste
Femmes berbères de Jacques Majorelle
Les oisillons de Dominique Pergault
Mary Cathart de Marie-Anne Collot-Falconnet
Jeune nancéienne dans un paysage de neige d’Emile Friant
Le souffleur à la pipe de Georges de la Tour
Après avoir parcouru les salles des deux étages, on emprunte un escalier qui annonce la couleur avec un jeu de perspective dans les tons orange quasi psychédélique. Il mène à la période contemporaine installée au rez-de-chaussée.
Emile Friant, tellement lorrain !
La visite du Musée des Beaux-Arts de Nancy réserve plusieurs coups de cœur. Parmi ceux-ci, La Toussaint d’Emile Friant. Peinte en 1888, cette immense toile capte l’attention. E. Friant a réalisé cette toile comme une photo street art prise au cimetière de Fréville de Nancy où repose le peintre lorrain. Une petite fille fait l’aumône à une aveugle tandis que les dames qui l’accompagnent tout de noir vêtu et les bras chargés de chrysanthèmes avancent d’un bon pas. Émile Friant rend cette toile d’autant plus vivante qu’il peint la dernière jeune femme comme si elle venait de franchir la limite du tableau.
La Toussaint obtint un immense succès en 1888. 250 articles de presse encensent le tableau qui reçoit la médaille d’or lors de l’Exposition universelle de Paris. À 23 ans, Emile Friant acquiert une notoriété internationale.Toute sa vie, il peint des paysages et des scènes du quotidien qui plongent le spectateur dans la Lorraine au XIXe. Le Musée des Beaux-Arts de Nancy expose les œuvres majeures d’Émile Friant. L’occasion de découvrir ce travail si évocateur.
Le mobilier Jean Prouvé
Au rez-de-chaussée, les fans d’architecture et de design sont gâtés. Ils verront un ensemble de pupitres et une chambre à coucher imaginés par Jean Prouvé. Une mise en bouche pour ceux qui ont la chance de visiter une fois par an, la maison et l’atelier de l’architecte construits dans le quartier Mondésert. Jean Prouvé, grand nom du design, a passé la majorité de sa vie à Nancy. Un hasard ? Sans doute pas, puisque son aïeul Victor Prouvé est une des figures majeures de l’École de Nancy.
Le superbe fonds Daum
On ne doit pas quitter le musée des Beaux Arts de Nancy sans passer par le sous-sol. Installée dans les sous-sols du musée, la collection Daum retrace l’histoire de la production de ce grand nom de la cristallerie lorraine depuis sa création en 1878. La superbe scénographie met en valeur les 900 œuvres. On peut admirer la créativité et l’évolution de cette maison, au fil des vitrines entourées des vestiges des fortifications du bastion d’Haussonville. Cette collection sans égale au monde retrace la créativité et les prouesses techniques des verriers d’art, notamment en pâte de verre. L’œil s’attarde sur les premiers services de table des années 1880, puis sur les créations art nouveau, puis art déco, et les pièces en cristal des années 50. La visite se termine avec des pièces fruits de la collaboration avec des artistes comme Dali, Elton Mc Connico ou César.
Anecdote
On ne peut pas plaire à tout le monde c’est bien connu. Émile Friant (encore lui) a fait les frais de la jalousie d’un malotru. Sans doute énervé de voir le regard échangé par les deux tourtereaux représentés sur Les amoureux, il brûla la joue de la jeune femme et l’œil du jeune homme. Pas de chance pour lui, il fit cela le jour où un inspecteur enquêtait sur la sécurité du musée ordonnée après le vol de la Joconde au Louvre. Heureusement, Emile Friant répara immédiatement les dégradations.
Infos pratiques
Le musée ne possède pas de parking. Si vous venez en voiture, vous pouvez vous garer votre voiture à proximité sur les parking Vaudémont, ou sur la place Carrière. Restauration sur la place Stanislas.
- Adresse : 3, place Stanislas Nancy
- Tel : 03 83 85 30 01
- Ouverture : 10 à 18 h tous les jours sauf mardi
- Tarifs variables selon les expos temporaires
- Tarif normal : 10€ – 7,5€ / Tarif réduit : 7€ – 5€
- Entrée gratuite le premier week-end de chaque mois
- Temps de visite : Minimum 1h30
- Boutique de musée très bien achalandée
- Site web
A proximité du Musée des Beaux Arts de Nancy
- La chapelle des Cordeliers
- La vieille ville
- L’église Saint-Epvre
- L’aquarium
