Le lilas Lemoine cette spécialité lorraine née à Nancy

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Le lilas est présent partout dans les jardins lorrains. C’est sans doute l’arbuste à fleurs le plus emblématique de la région. Notamment à Nancy, où on le croise fréquemment. Le lilas est devenu grâce à la passion d’un homme une spécialité lorraine. Pour cela, il faut remonter le temps et revenir à la fin des années 1900.

Nancy, capitale internationale de botanique

À cette époque, Nancy jouit d’une aura internationale sous l’impulsion de l’École de Nancy. Leurs stars qui sont aussi les promoteurs de ce courant artistique s’inspirent de la nature. Leurs créations magnifient la nature qui est au centre de ce courant artistique. Ils puisent leur source d’inspiration directement de leur environnement. Nancy qui est en plein essor économique, artistique et architectural devient également une capitale internationale de la botanique. De nombreux horticulteurs sont implantés en ville. Les producteurs nancéiens, membres de la Société Centrale d’Horticulture s’illustrent par leur dynamisme, leur rigueur scientifique et leur expérience. Ils vont concevoir plus de 6000 variétés de plantes en plus de cinquante ans. 

Un mal pour un bien

La politique et la guerre ont des conséquences inattendues. En 1870, l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne fait de Nancy la capitale de l’Est de la France. De nombreux mosellans et alsaciens s’installent à Nancy. La ville grandit très rapidement et bénéficie des transferts économiques. Cet essor se ressent sur la société. Parmi la bourgeoisie, c’est à qui aura le plus beau jardin et la plus belle serre dans son parc. Les jardiniers rivalisent avec les horticulteurs pour créer des espaces verts remarquables, tandis que les jardins ouvriers se développent. Pour couronner le tout, Victor Lemoine et Félix Crousse remportent des médailles d’or à l’exposition universelle de Paris. En quelques années, Nancy est devenue the Place to be pour l’horticulture.

Vase aux lilas Emile Gallé
Vase Emile Gallé sur le thème du lilas

Le lilas Lemoine réussite de l'hybridation

 Ce fut alors un échange de tous les jours. Il régnait dans ce quartier une atmosphère de recherches intenses 
Emile Nicolas
Greffier, botaniste, critique d'art

Victor Lemoine est renommé dans le monde entier pour ses connaissances. Curieux, il cherche à adapter un arbuste décoratif au climat nancéien. Son choix se porte sur le lilas qui n’est pas une nouveauté en soi. Le naturaliste Pierre Belon le trouve dans les jardins de Constantinople en 1538. Si l’arbuste peut s’adapter au climat nancéien, Victor Lemoine le trouve trop petit. De plus, la fleur se tient mal une fois coupée et ne permet pas de tenir un bouquet très longtemps. C’est là qu’intervient son expérience de botaniste.

Victor Lemoine

Sept ans d'efforts pour créer le lilas blanc

En 1870, il imagine un lilas blanc, à fleurs doubles et parfumées. Pour l’obtenir, il va se lancer dans une série d’hybridations dont il garde jalousement le secret. Madame Lemoine, sa fidèle collaboratrice, va polliniser 700 fleurs de Syringa hyacintiflora avec le cultivar « Marie Legraye » provenant de l’horticulteur belge Libert Daminont. En 1876, leurs efforts aboutissent et ils obtiennent enfin des lilas conformes à leur projet. L’arbuste à fleurs blanches doubles et odorantes est baptisé Mme Lemoine. Vendu au grand public, il inaugure la longue liste des productions Lemoine. Après lui, Etienne,son fils et Victor, son petit-fils, perpétuent ce savoir-faire. La famille Lemoine met au point pas moins de 214 cultivars qui servent à leur tour pour créer d’autres lilas partout dans le monde. C’est la folie lilas. Aujourd’hui, on compte entre 1.500 et 2.000 hybrides horticoles.

Le lilas Mme Lemoine

Pendant toutes ces années, le lilas prolifère à Nancy naturellement. Non seulement on peut l’acheter à la source, mais de plus l’arbuste fait des rejets que l’on se donne entre passionnés de jardin. Les dragons reprennent facilement si bien que le lilas est devenu en moins d’un siècle une spécialité lorraine.

Le jardin Jean-Marie Pelt, écrin de la collection Lemoine

A présent, la plus belle collection s’admire au jardin botanique Jean-Marie Pelt de Nancy. Dans ce magnifique écrin, poussent 150 variétés de lilas Lemoine couvrant une palette de couleurs allant du blanc au pourpre avec une dominante violette. Le jardin botanique souhaite réunir à terme les 214 lilas de la collection. En attendant, profitez du printemps pour admirer La Belle de Nancy, Maréchal Foch, Paul Thirion, Gloire de Lorraine et le clou de la collection appelé Duplex.

Pour ceux qui aimeraient voir s’épanouir un lilas Lemoine dans leur jardin, il est possible de s’en procurer dans les boutiques de Roville aux Chênes ou de la Production horticole lorraine.

La collection de lilas Lemoine au jardin Jean Marie Pelt de Nancy

L’incroyable voyage du lilas Duplex

Le « Duplex », un cultivar de S. chinensis, appartient à  la collection Lemoine. Il avait disparu, jusqu’à ce qu’un fan norvégien de lilas le retrouve en Finlande au cours des années 80. Entre amateurs de lilas, on échange des dragons. Si bien qu’un Breton obtient des boutures qu’il expédie au Québec où un de ses amis va le multiplier. Une fois les dragons obtenus, il lui donne deux pieds ; le Duplex revient en France. Un pied se trouve au jardin Jean Marie Pelt et l’autre dans le jardin botanique de Brocéliande à Bréal-Sous-Monfort.

Informations pratiques

Vous pouvez retrouver certaines des créations Lemoine ici

  • Jardin botanique Jean-Marie Pelt : 54600 Villers les Nancy
  • Production Horticole Lorraine qui promeut et perpétue les plantes lorraines

Cet article a 3 commentaires

  1. Annick

    Trés intéressante, cette histoire de lilas. Il y a donc des lilas Duplex au Québec! Je vais entreprendre une tournée des jardineries! Si j’en trouve un specimen, je le transplante à Ste-Adèle!

    1. Helene

      Merci beaucoup ! Oui, le Duplex est disponible au Centre Jardin Barbe à Ste Eustache et le lilas Lemoine peut se trouver au jardin Dion à Ste Thérèse. Avec un pâté lorrain et des madeleines, la Lorraine s’implante au Québec. Il n’y a plus qu’à planter.

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