La bibliothèque bénédictine de Saint-Mihiel compte parmi les plus belles de France. Elle est d’autant plus impressionnante que l’on ne s’attend pas à découvrir une telle merveille au beau milieu de la Meuse. Pourtant, la mention de « Petite Florence du Nord » donnée à Saint-Mihiel pour son exceptionnel patrimoine Renaissance doit mettre la puce à l’oreille. Un lieu à visiter absolument lors d’un week-end en Lorraine.
Un chef-d’œuvre d’architecture Renaissance
Une fois franchies les majestueuses portes de la la bibliothèque bénédictine de Saint-Mihiel, on pénètre dans une première salle carrée dominée par un splendide plafond ornementé aux quatre coins. Chacun angle est garni d’un décor rappelant une saison, un continent, un élément.. Détail amusant, ils ne comportent aucun symbole religieux. Dès ce vestibule, on célèbre le savoir et les connaissances. Un préambule qui conduit logiquement à la grande salle de 50 m de long, 8 m de large et 5 m de hauteur sous plafond habillée entièrement de boiseries en bois précieux.
Édifiée entre 1768 et 1775, elle était l’aboutissement de plusieurs siècles de collecte par les moines de l’abbaye. La première salle carrée devait contenir les archives tandis que la grande salle était dévolue aux collections des livres et des incunables. Le sol est recouvert d’un plancher en bois au point de Hongrie. Les 17 fenêtres distillent la lumière de façon à ne pas endommager les livres. Pour cela, elles ne sont pas disposées en vis-à-vis direct, mais judicieusement décalées. Au plafond, on retrouve un décor de plâtre similaire à celui de la salle carrée. L’ensemble est harmonieux, élégant et créé une atmosphère feutrée de bon aloi pour un tel lieu.
Méfaits de la guerre
Pourtant, cette superbe bibliothèque a failli totalement disparaître. Elle survit à la Révolution, car elle est devenue une « bibliothèque confiscatoire ». À l’époque la bibliothèque se transforme en dépôt pour les archives et les bibliothèques des maisons religieuses et des émigrés du district de Saint-Mihiel saisies par la Nation. En revanche, la Grande Guerre aurait pu signer son arrêt de mort. Entre 1914 et 1918, Saint-Mihiel est occupée par l’armée allemande qui tient la position du saillant. Ce qui est aujourd’hui la mairie est devenu le bureau de l’état-major. En 1915, un obus français éclate dans la bibliothèque. Les Allemands vont sauver le fonds en l’envoyant à la bibliothèque de Metz et de Leipzig. Après la Première Guerre, on reconstruit la bibliothèque bénédictine à l’identique grâce à la générosité des mécènes. Il ne restait que les murs, le boiseries et le parquet ayant fini en bois de chauffage.
Trésors et incunables
Les origines de l’abbaye remontent à l’époque carolingienne et les premiers ouvrages réunis par les Bénédictins étaient de manuscrits. Dans un premier temps, ces manuscrits liturgiques étaient conservés dans une salle adjacente à l’église. Leur nombre grandissant, il fallut repousser les murs jusqu’au jour où l’abbé Dom Hennezon décida de les réunir dans une aile du bâtiment aujourd’hui disparu. Le fonds s’enrichit en 1679 des livres du cardinal de Retz. Elle gagne les lieux actuels entre 1688 et 1689, dates auxquelles est construite la bibliothèque.
La bibliothèque bénédictine devient une bibliothèque savante qui réunit des ouvrages concernant toutes les grandes disciplines du savoir. On y trouve des ouvrages de philosophie, le droit, la littérature, l’histoire, la botanique, la géographie,la médecine, l’astronomie, les mathématiques, l’agriculture…
Une volonté qui se manifeste dans la décoration du plafond de la salle carrée. Désormais, il n’est plus possible de consulter un des 9000 livres contenus dans les rayonnages. Seuls les doctorants et les chercheurs ont accès à cette grande salle sur demande. Le public peut les consulter en ligne.
Récit de voyage et précis de chirurgie
Parmi les livres les plus précieux, on retient l’incunable De Rerum Natura »** de Lucrèce, le Graduel de Saint-Mihiel, et le livre des voyages de Dom Loupvent. Le graduel est un recueil de chants remarquable.datant de la fin du Moyen Âge. Des lettrines où se dissimulent des personnages amusants ornent les pages. Le livre de Dom Louvent est le récit du pèlerinage qu’il fit à Jérusalem. Chaque étape du voyage est illustrée d’une carte et de miniatures. On peut aussi y trouver un ouvrage d’Ambroise Paré, barbier-chirurgien. Il s’agit d’un ouvrage de vulgarisation médicale ou Ambroise Paré intègre des images à son texte. Ce livre est destiné aux élèves chirurgiens, contient des gravures des différentes parties de l’anatomie, dont le système artériel. Les postures dessinées donnent aux modèles l’apparence de vivants.
La bibliothèque magnifie l’érudition si importante pour les bénédictins. Aujourd’hui, on peut admirer cet ensemble en s’inscrivant à une visite guidée. Elle fait aussi découvrir ces trésors, une plongée dans l’histoire du livre très intéressante et pas barbante.
Bon à savoir
Si vous choisissez de visiter la bibliothèque bénédictine de Saint-Mihiel en hiver, gardez votre manteau ! Elle n’est pas chauffée volontairement pour préserver les livres. Cela évite un choc thermique qui les abîme.
Autour de la bibliothèque bénédictine de Saint-Mihiel
Saint-Mihiel est une ville de Meuse à découvrir en prenant son temps. C’est une perle de l’architecture Renaissance. Musées, monuments, hôtels particuliers, et randonnées en font un sites incontournables à découvrir en Meuse. Promenez-vous dans les rues. Cela en vaut la peine. Bien des villes en France rêverait de posséder ce patrimoine exceptionnel.
- Le musée d’Art sacré
- La collégiale Saint-Étienne
- Le saillant de Saint-Mihiel
- Les maisons Renaissance de Saint-Mihiel
Infos pratique
- Adresse : 8 rue du palais de Justice à 55300 Saint-Mihiel
- Du mercredi au samedi : 13h30, 14h30, 15h30 et 16h30. (Horaire d’hiver)
- Tarif : 4,50 € et 6,50 € avec le musée d’art sacré
- Gratuit : moins de 12 ans
Accès
- Bar le Duc : 34 km via D11 et D171
- Verdun : 36 km via D964
- Nancy : 78 km via D907
- Metz : 67 km via D901