Impossible d’aller de Bar-le-Duc à Verdun sans emprunter la Voie Sacrée. Cette route mythique devenue une départementale bucolique ferait oublier son tribu à l’histoire si elle n’était pas jalonnée de bornes sumontées d’un casque. L’emprunter c’est se mettre dans les pas des Poilus en imaginant le traffic et les exploits de ceux qui l’ont parcourue et entretenue.
Le poumon de Verdun
Tout commence au pied de la médiathèque de Bar-le-Duc où se dressent le monument et la borne du km 0 de la Voie Sacrée. 55 bornes commémoratives jalonnent ensuite les kilomètres de cet axe essentiel, seule voie pour ravitailler le front en hommes et matériel au cours de la Première guerre mondiale qui a fait rage dans cette partie de la Lorraine.
En 1914, la route n’est pas bitumée, mais seulement empierrée rendant les conditions de circulation difficiles et dangeureuses. Des soldats l’entretiennent jour et nuit pour permettent aux convois d’aller et venir. Ils rebouchaient les ornières avec des pierres provenant de carrières ouvertes le long du tracé. Maintenir la Voie sacrée en bon état se révélait une « question de vie ou de mort ». On a du mal a imaginer que des milliers d’hommes remettaient nuit et jour des graviers et des pierres en même temps que passaient les voitures et les camions qui aplatissaient au passage le ballast. Sans parler des régiments d’infanterie et des hippomobiles qui devaient se frayer un chemin sur cette route. Surtout, lorsqu’on fait la route aux beaux jours lorsque les champs de colza ou les coquelicots rendent le paysage éclatant de couleur.
Un exploit qui tient du miracle
La circulation n’arrêtait jamais entre les deux villes. Un véhicule toutes les 13 secondes se succédait sur la Voie sacrée. On a compté jusqu’à 6000 passages par jour sur la Voie Sacrée. Quand un camion tombait en panne, c’était terminé pour lui. On le poussait immédiatement dans le bas-côté pour maintenir la noria et ne pas retarder les autres véhicules. En 1915, pour améliorer la circulation, l’État-major décidait d’élargir son tracé de 7 mètres. Un aménagement qui permettait d’avoir une route à double sens de circulation et de permettre à un véhicule léger prioritaire de se frayer un chemin parmi les files d’engins.
Pendant un an, 3500 camions et autobus ont fait l’aller et retour chaque semaine. C’est ainsi qu’on a pu acheminer chaque semaine 90 000 hommes et 50 000 tonnes de matériel, de vivres et de munitions. Il fallait tenir le front coûte que coûte. Les chauffeurs conduisaient entre 18 heures et 40h d’affilée pendant 10 jours consécutifs et se reposaient quelques heures à l’arrière de leur camion. Il était interdit de doubler et les autorités réglementent la vitesse à 25 km pour les voitures et 15 km pour les camions.
Voie sacrée pour toujours
À Souilly, un petit musée redonne vie au quartier général de la IIe armée et plusieurs panneaux entre le bourg et Verdun montrent les conditions de circulation sur cette route mythique. A Moulin Brulé, des panneaux explicatifs retracent les conditions de circulation et la vie sur la Voie sacrée.
C’est après la guerre que Maurice Barrès a baptisé cette route du nom du nom de « Voie sacrée ». Raymond Poincaré a inauguré le mémorial de la Voie sacrée qui se trouve à Bar-le-Duc pour rendre hommage aux poilus et chaque kilomètre est balisé avec une borne surmontée d’un casque. Aujourd’hui, les casques ne sont plus en métal, mais en résine.
La Voie sacrée est officiellement la RD916. Mais elle est la seule route en France dispensée de porter un chiffre. En 2014, une bataille parlementaire avait pour objet la préservation de son appellation. Voie sacrée, c’est quand même bien mieux que route nationale ou route départementale. Ainsi le « poumon de Verdun » demeure La voie sacrée. La parcourir est une bonne entrée en matière avant d’aller visiter les sites mémoriels de Verdun ou d’assister au spectacle Des Flammes et la lumière qui se donne chaque été dans la ville.
A voir autour de la Voie Sacrée
- Verdun
- Bar le Duc
- Romagne Montfaucon
- Musée de la Voie Sacrée à Souilly
- La butte de Vauquois