Nancy recèle, sans doute, la plus extraordinaire église de style rococo baroque de toute la France. L’église Notre-Dame de Bonsecours est une immersion dans la Pologne du roi Stanislas qui en a fait un mausolée familial. Ce trésor de beauté est un lieu unique à voir absolument lorsqu’elle s’ouvre au public.
Premier ouvrage de Stanislas à Nancy
À peine arrivé à Nancy, Stanislas décide de construire ou plutôt de réaménager l’église Bonsecours. Celle-ci se trouve sur son parcours quand il vient de Lunéville. Bâtie à la fin du XVe siècle, elle se trouve en piteux état. Stanislas supportant mal de voir l’édifice consacré à Marie délabré, il décide de transformer la chapelle en 1737. Pour cela, il fait appel à Emmanuel Héré, le même qui fera ensuite la plus belle place d’Europe. Stanislas qui sait que l’on est tous mortels doit préparer sa sépulture. Contrairement aux autres ducs de Lorraine, il ne peut pas être enterré dans la chapelle des Cordeliers, puisqu’il ne fait pas partie de la famille… Qu’à cela ne tienne, on détruit la chapelle des Bourguignons, bâtie après la bataille de Nancy par René II, mais qui a beaucoup souffert durant la guerre de Trente Ans.
Rien n’est trop beau pour Notre Dame de Bonsecours
Trois ans plus tard, le résultat est magistral. Il faut dire que Stanislas ne lésine pas à la dépense et fait intervenir tout ce qu’il y a de mieux pour décorer l’église. Il commande les savants trompe-l’œil que l’on peut toujours admirer à Louis et Nicolas Mansiaux, à Joseph Gilles dit Le Provençal et peintre officiel de la cour de Lorraine depuis Léopold. Ensemble, ils réalisent un fantastique décor en trompe-l’œil qui comprend fresques, frises, rideaux, portes et plafonds.
À l’époque, les frères Mansiaux sont les coqueluches pour tous ceux qui se piquent de décoration. Ils ont mis au point un stuc imitant parfaitement le marbre et moins cher que la pierre. Sa ressemblance est si parfaite que la marquise de Pompadour en commandera pour orner les murs de son château. On s’en rend compte lorsqu’on effleure un mur ou les fonts baptismaux. Le toucher est lisse, froid et aussi brillant que le marbre. Une fois peint, on ne sait plus qui est qui.
Héré, Adam, Jean Lamour...
Au-delà de la prouesse artistique, Notre-Dame de Bonsecours est une église qui permet de s’évader. On est loin de l’austérité romane et gothique. Stanislas apportait une nouvelle vision de la religion.
Pour compléter ce décor, la famille Adam, véritable dynastie de sculpteurs originaire de Nancy, réalise les tombeaux où seront placés les corps de Stanislas et de son épouse. Jean Lamour, serrurier préféré d’Emmanuel Héré, se charge de réaliser les grilles du chœur et la tribune de l’orgue.
Tandis que Catherine Opalinska est placée à gauche, Stanislas est installé en vis-à-vis. Ils sont rejoints par leur fille Marie, reine de France et épouse de Louis XV qui a demandé à ce que son cœur fut placé près de ses parents. L’ensemble est monumental. Stanislas est montré en roi philosophe, alors que son épouse est représentée assise, regardant le ciel avec beaucoup de douceur.
Stanislas et les Polonais
Le roi Stanislas resta longtemps dans le cœur des Polonais. Sous le Ier Empire, beaucoup de militaires polonais au service de l’empereur Napoléon doivent quitter Paris pour retrouver leur pays. Ils s’exécutent sous la conduite du général Sokolnicki et arrivent à Nancy le 11juin 1811. Pour rendre hommage à Stanislas, ils demandent la permission de célébrer un service funèbre à Bonsecours. Pour l’occasion, tout est fait en grande pompe. Les monuments et les murs sont tendus de noir. Le général Sokolnicki prononce un discours d’adieu à Stanislas le Bienfaisant et à la France. Une plaque de marbre noir située à droite en entrant dans l’église et surmontée de l’aigle des Polonais rappelle cet adieu des Polonais à Stanislas.
Notre-Dame de Bonsecours : un nom bien porté
Avant d’être reconstruite par le roi Stanislas, l’histoire de Notre-Dame de Bonsecours est liée de très près à celle de Nancy. Lors de la bataille de Nancy, entre 4000 et 8000 soldats tombent à cet emplacement en 1477. La défaite est cuisante pour les Bourguignons qui enterrent leurs morts sur place dans une fosse. René II doit bien une église à la Vierge Marie en qui il avait placé tous ses espoirs. Il accède au souhait du religieux Jean Villey de Scesse qui a fait vœu de construire un ermitage et une chapelle consacrée à la Vierge Marie, si les Lorrains gagnaient. René II demande à ce qu’elle soit appelée Notre-Dame de Bonsecours « en recordation (rappel) et perpétuelle mémoire de la victoire que , moyennant la grâce de Dieu et l’aide et intercession de la glorieuse Vierge Marie sa mère , il avait obtenu en ce lieu ». Après moult tracas administratifs et pinailleries entre congrégations religieuses (déjà à cette époque cela existe) Ambroise de Charnières, chanoine de Toul, la consacre en 1498.
Un oubli réparé
Officiellement, elle se nomme Notre-Dame de Bonsecours ou encore Notre-Dame de la Victoire et des Rois. À Nancy, on la surnomme la « chapelle des Bourguignons », en souvenir des soldats de Charles le Téméraire enterrés au cimetière voisin.
Détail important, alors qu’elle est consacrée à la Vierge, on se rend compte au moment de l’inaugurer qu’il n’y a aucune statue la représentant à l’intérieur. On commande à Mansuy Gauvain une statue pour réparer cela au plus vite. Il sculpte la Vierge que l’on peut admirer au dessus de l’autel en pierre de Savonnières. Celle-ci abrite sous son grand manteau rois, nobles, ecclésiastiques et tout le genre humain. Cet hommage produit ses effets et des miracles commencent à se produire.
Notre-Dame de Bonsecours et les miracles
Tant et si bien qu’au moment où la guerre de Trente ans éclate et la peste s’abat sur Nancy, les édiles choisissent de s’en remettre aux bonnes grâces de la Vierge Marie. Ils promettent de faire dire une messe chaque semaine.
L’épidémie s’arrête, et la ville choisit la chapelle de Notre-Dame-de-Bonsecours pour honorer ce vœu. Les père Minîmes s’engagent à célébrer à perpétuité une messe basse chaque samedi ainsi que trois messes hautes tous les ans. Ces dernières sont dites à l’occasion de la Saint Roch, (saint invoqué contre les épidémies), une autre le lendemain de la fête de l’Assomption, et la dernière à la mémoire des morts victimes de la peste.
Si l’ex-voto original a disparu lors de la reconstruction de l’église par Stanislas, le roi l’a remplacé par un monument toujours présent. Il s’agit de la plaque de marbre gravée et encadrée de pilastres surmontée d’ une Vierge à l’enfant réalisée par le sculpteur Barthélémy Mesny.
Dans la foulée, on organise un pèlerinage qui attire chaque année de plus en plus de monde. Cet engouement conduit à l’agrandissement de la chapelle en 1629. Toute cette histoire se lit sur les vitraux à l’intérieur de l’église.
Les miracles se multiplient à tel point que les frères Minimes en charge de l’église à cette époque éditent Les Miracles et grâces de Notre-Dame de Bon Secours lès Nancy. Ce livre relate les récits de guérisons, authentifiées par l’Église.
Si Nancy valait bien une messe, Notre Dame de Bonsecours vaut davantage qu’un simple coup d’oeil quand on se rend à Nancy.
L'enterrement de Stanislas
Le roi Stanislas Leszczynski a terminé sa vie de façon très ardente. En voulant se réchauffer près d’une cheminée, il mit le feu à sa robe de chambre au matin du 5 février 1766. Malgré les secours apportés par une femme de chambre qui jeta sur lui une couverture, il succomba le 23 février 1766 à ses blessures à l’âge de 89 ans.
Ayant un sens de l’humour bien aiguisé il aurait dit à celle qui lui venait en aide « Qui eut dit Madame, qu’à nos âges nous brûlerions des mêmes feux. »
Les médecins Perret et Rönnow ont pratiqué l’autopsie et l’embaumement. Selon les volontés du roi, ses entrailles sont déposées dans un cercueil en plom sous la crypte de l’église Saint Jacques de Lunéville qu’il a fait édifier en 1745. Le reste du corps de Stanislas Leszczynski est ensuite placé dans un cercueil en zinc dans la crypte de l’église Notre-Dame de Bonsecours. Il rejoint son épouse et le coeur de sa fille.
A voir à proximité
- La cathédrale
- La place Stanislas
- L’église St Epvre
- L’église des Cordeliers
- L’église Saint Jacques à Lunéville (autre église inspirée par l’art baroque )
Adresse
265 Avenue de Strasbourg
Visites : Les dimanches du 2 juin au 29 septembre de 14h à 18h
Visites guidées en groupe possible : 03.83.35.90.02
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