Le ravin du génie dans la forêt d’Argonne est un lieu insolite en Meuse. Encore peu connu, ce remarquable musée en plein air est réalisé sur un site historique de la Première Guerre mondiale situé dans le nord de la forêt domaniale de Lachalade. Le ravin du Génie reconstitue les conditions de vie et de travail des soldats engagés dans la guerre des mines sur le front argonnais.
Sur la route de la Haute chevauchée
Pour y accéder, il faut déjà prendre la route de la Haute Chevauchée (D38C) qui traverse les bois pour rejoindre Les Islettes. Une petite route fréquentée par les chevreuils et les renards en promenade plus souvent que des voitures. Quoique ! Par endroit il est difficile de se croiser à deux véhicules. On fait preuve d’amabilité et de courtoisie pour se céder le passage et éviter le talus et les ornières. Cela rend encore plus amusant l’arrivée sur le site où un parking permet de garer son véhicule. Ensuite, mieux vaut enfiler les chaussures qui vont bien (oublier les sandales et autres tongs) pour découvrir ce camp de repos au coeur de la forêt. Les unités du 1er régiment du génie ont profité de la topographie du terrain pour créer ce lieu à l’abri de l’artillerie ennemie, permettant également d’exploiter sa dimension logistique.
Sur place, les militaires stockaient à la fois tout ce dont ils avaient besoin pour mener les combats, mais aussi tout le nécessaire à la vie des hommes. On stockait des vivres, des munitions, des poudres, des explosifs, du ciment, du sable. Le lieu était devenu un immense magasin souterrain. À moins de 1200 m des lignes ennemies.
Aménagé sur plusieurs niveaux
Les panneaux échelonnés le long du parcours expliquent les différents points du site et l’ organisation du ravin du génie. Un plan général permet également de se repérer aisément. La visite commence par la partie haute du camp réservée essentiellement au stockage des marchandises et matériels, tandis que les hommes se cantonnaient dans les parties médiane et basse plus abritées et protégées des tirs. Une voie ferrée empruntée par les petits chevaux camarguais servait à transporter matériels et matériaux.
Les lieux étant très bien entretenus, on peut pénétrer dans des abris cavernes, se faufiler dans des sapes (boyaux enterrés permettant de relier deux lieux sans être à découvert.) et entrer dans des poudrières. Comme les militaires de l’époque, on peut aussi suivre le boyau de Metz qui conduisait les soldats sur le front.
Une fois parvenu au bout de la voie ferrée, le chemin descend en pente raide jusqu’à la partie basse du ravin où se trouve une source avec un système de captation d’eau utilisée par les militaires sur place pour se laver.
Rien n’est laissé au hasard
Les mois passant, il n’était plus question de boire cette eau. Fréquemment souillée par les bactéries, elle provoquait des épidémies de dysenterie et autres pathologies digestives. Pour se protéger de ses maladies, l’eau destinée à la consommation était conservée dans des citernes de stockage et dans un ancien oratoire construit au XIV siècle. André Theuriet cite cet édifice dans un de ses romans. Erigé pour prier Sainte-Catherine et servait aux jeunes filles qui venaient honorer la sainte dans l’espoir de trouver un mari dans l’année.
Des photos d’époque installées le long du parcours donnent un aperçu de la vie au quotidien dans le ravin du génie. Les cagnats où les hommes en poste venaient dormir et se reposer se visitent également. Celles-ci, parfaitement étayées, se composent de plusieurs niveaux comme on peut s’en rendre compte quand on s’aventure dans leur dédale muni d’une lampe de poche puissante. Luxe suprême, elles étaient équipées de cheminées pour se chauffer et dotées de sorties directes sur l’extérieur en cas de nécessité. Il ne fallait vraiment pas être claustrophobe pou vivre dans ses cavernes aménagées et parfois électrifiées.
Des cagnats chauffées
Au bout des cagnats se trouvent les écuries et plus loin « l’espace ravitaillement » avec les cuisines. Les cheminées des fourneaux coiffées de chapeaux ne renvoyaient pas la fumée verticalement pour ne pas être repéré. Enfin, un panneau indique la présence d’un médecin militaire sur place. C’est incroyable d’imaginer les va-et-vient dans ces lieux où autant d’hommes vaquaient à leurs occupations, travaillaient et se reposaient dans des conditions à la fois précaires et héroïques.
Le ravin du génie est un musée en plein air où on peut facilement passer plusieurs heures si on prend le temps de tout visiter et de comprendre son fonctionnement. C’est franchement très intéressant et agréable à parcourir. Surtout si on se munit d une lampe de poche puissante qui est l’accessoire indispensable pour s’aventurer dans les parties souterraines
Le ravin du génie fait partie des sites mémoriels à mettre sur sa liste des curiosités insolites du Grand Est. On peut le programmer en même temps qu’une visite au tunnel du kayser, à la croix de réconciliation et à la nécropole de Lachalade pour rester dans la thématique des sites mémoriels lorrains. Mieux vaut prévoir, dans ce cas, une journée complète. D’autant que la forêt d’Argonne où l’arbre est roi est magnifique à parcourir.
Accessoires conseillés pour visiter le ravin du génie :
- lampe de poche ou lampe frontale
- chaussures de marche
A voir à proximité du Ravin du génie
- La butte du Vauquois
- Beaulieu en Argonne
- L’ermitage de saint Rouin
- Le musée du verre des Islettes
- Le tunnel du Kaiser
Situation
- Verdun D 603 : 35 km
- Bar le Duc : 55 km
- Châlons en Champagne : 63,7 km
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