Ce serait ballot de visiter le vieux Nancy sans faire un tour dans la basilique Saint Epvre. Entourée de la place du même nom, elle en impose par son style néo-gothique. Elle domine en majesté une des places les plus vivantes de Nancy. Avec ses cafés, ses commerces et son marché des antiquaires mensuel, elle est une porte entre le «vieux Nancy » et le Nancy de Stanislas plus classe et ordonné. En prime, elle recèle bon nombre de détails étonnants et cocasses qui pimentent la visite.
L’empreinte des Habsbourg-Lorraine
Construite à partir des plans de l’architecte Prosper Morey au XIXe siècle, elle témoigne de l’influence des Habsbourg Lorraine à Nancy. Les dons très généreux de la famille associés à ceux de l’empereur François Ier d’Autriche et de son épouse (Sisi pour les intimes) ont permis sa construction. Une plaque près du chœur atteste de sa venue à Nancy en 1867.
Les vitraux très colorés proviennent pratiquement tous des ateliers autrichiens de Carl Geyling et les grandes orgues furent fabriquées par le facteur d’orgues Joseph Merklin d’origine allemande et devenu français par mariage. Extrêmement courtisé pour la qualité des ses orgues, il a équipé bon nombre de grands édifices religieux du Grand Est. On lui doit notamment l’électrification des orgues, avec le système électropneumatique. Après avoir vécu et travaillé en Belgique, Paris et Lyon, il s’installe à Nancy où il meurt.
La richesse de la décoration intérieure de la basilique Saint Epvre est annoncée dès de parvis. Quatre énormes statues trônent devant l’édifice. On les doit à Monseigneur Trouillet qui a ardemment soutenu le projet de la construction de la basilique. Chacune symbolise un évangéliste : le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l’aigle pour Jean, l’homme pour Matthieu. Elles sont inspirées de la vision du prophète Ezechiel où chaque animal apparaît avec 4 faces.
L’énigme des gargouilles
En faisant le tour de la basilique, le nez en l’air, l’œil est attiré par des gargouilles très amusantes pour certaines. Comme elles sont très hautes, les sculpteurs s’en donnaient souvent à cœur joie. La gargouille est un bon moyen pour faire passer un message ou régler ses comptes discrètement. La cathédrale Saint-Étienne de Toul illustre également parfaitement cet usage de la gargouille en Lorraine.
A saint Epvre, il y a deux gargouilles dont une plus particulièrement qui en dit long. Situées en vis-à-vis de la rue du Maure qui Trompe, elles représentent une femme accroupie qui se bouche les oreilles et un homme en proie au plus vif désir ! Il suffit d’avoir un bon zoom, pour s’en rendre compte.
Que viennent-ils faire à cet endroit de la basilique ? Il faut suivre leur regard et remontez deux siècles en arrière pour avoir la clef de l’énigme. Au XIXe siècle, la rue du Maure qui Trompe abritait les maisons clauses de Nancy. En suivant le regard des deux gargouilles, les yeux se posent sur une façade en vis-à-vis. Ses ornées de cœurs en fer forgé ne laissent aucun doute sur elle. Il s’agissait de l’un des lupanars de Nancy surmonté comme il se doit d’une lanterne rouge pour signaler le lieu. La femme se bouche les oreilles pour ne pas entendre, tandis que monsieur irait bien se mêler à la fête. Selon certains, le nom de la rue du Maure-qui-Trompe proviendrait d’un serviteur noir qui sonnait du clairon pour avertir les prostituées et leurs clients de la venue des gens d’armes.
Après avoir fait le tour de la basilique saint Epvre, on peut se poser sur une terrasse des nombreux cafés pour profiter de la place en dégustant un délicieux Saint Epvre. Puis on poursuit vers la chapelle des Cordeliers tout près ou Notre-Dame de Bonsecours. On y retrouve aussi la trace des Habsbourg-Lorraine et de Stanislas dans les édifices religieux nancéiens.
A voir près de Saint Epvre
- La place Stanislas
- La patisserie Adam
- L’église des Cordeliers
- La vieille ville
- La rue des petites écuries
- La place Carrière