L’église des Cordeliers, la nécropole des ducs de Nancy

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L’église des Cordeliers construite juste à côté du musée lorrain et en plein milieu de la Grand rue de Nancy passerait inaperçue sans les chevalets posés dans la Grand rue qui signalent sa présence. Elle est pourtant un des hauts lieux de la ville et mérite qu’on lui rende visite.

Le Saint-Denis lorrain

Édifiée par le duc René II d’Anjou pour remercier Dieu de l’avoir fait gagner contre Charles le Téméraire en 1477, elle est destinée aux Franciscains. A cette époque, l’ordre jouit des faveurs de la maison ducale. Les moines, très implantés dans la ville, sont proches de la population. Ils côtoient les grands artistes de l’époque et tissent des liens étroits avec certains d’entre eux. Ainsi Jacques Callot, célèbre graveur à qui l’on doit la célèbre série la noblesse lorraine et les gobbies se trouve enterré dans le cloître du couvent. Cette proximité entre la famille ducale et l’ordre religieux incite René II a en faire la nécropole des ducs de Lorraine.

L’égale de la chapelle des Médicis à Florence

L’architecture de l’église des Cordeliers reste simple pour être fidèle aux préceptes de l’ordre qui a fait vœu de pauvreté. Elle n’a pas subi de changement depuis son édification. Les moines ont seulement déplacé le choeur au fond de la nef. Initialement au milieu de l’église, ils se plaignaient des va et vient qui nuisaient au recueillement. Brûlé à la Révolution, la région a remplacé le choeur par un autre provenant de l’abbaye de Salival. Les vitraux ont également subi la colère des révolutionnaires. Détruits, seuls quelques morceaux originaux sont conservés au musée d’Art Lorrain.

Une fois à l’intérieur de la nef unique, on voit les différentes monuments funéraires exposés de part et d’autre. Parmi ceux-ci, s’y trouve une œuvre de Ligier Richier. A la mort de Philippe de Gueldre, il réalise son mausolée en pierre cirée trés représentatif du style du sculpteur. Plus loin, Mansuy Gauvain produit le monument de René II. L’imposant enfeu polychrome illustre la puissance de la maison de Lorraine à la Renaissance.

lanternon de l'église des cordeliers à Nancy

Cette magnificence, on la retrouve aussitôt franchie la porte qui donne sur la chapelle privative où reposent les ducs de Lorraine. Construite sous le règne de Henri II, elle fut ajoutée au bâtiment. Sa forme ronde hexagonale s’inspire (excusez du peu !) de la chapelle des Médicis de Florence. Malgré la sobriété voulue des tons, elle respire l’opulence. Une coupole et son lanternon habité par des anges joufflus se détachant du ciel, seule concession colorée dans cet univers marmoréen noir et blanc. coiffent la chapelle. Une crypte cachée existe sous la chapelle funéraire. Interdite aux visiteurs, elle est accessible uniquement à la famille Habsourg-Lorraine.

choeur de l'église des cordeliers à Nancy

Quand la petite histoire fait la grande

Plus fun, l’église des Cordeliers, hormis être le petit saint-Denis lorrain, est devenue le symbole d’une belle histoire d’amour qui explique bien des choses de notre histoire contemporaine. On remonte le temps pour s’arrêter à celui du bon roi Stanislas.

Le duc de Lorraine François III, qui étudiait à Vienne, s’éprend de Marie Thérèse d’Autriche. Le mariage qui se profile ne dit rien aux parents de l’archiduchesse pas plus qu’a à Louis XV. Consentir à cette union, c’est risqué de perdre à nouveau la Lorraine et le duché de Bar. Finalement, le roi accepte que les tourtereaux se marient et cède en viager la Lorraine et le duché de Bar au roi de Pologne : le duc Stanislas Leszczynski, beau père du roi et père de Marie-Antoinette. À la mort de Stanislas, François III donne définitivement la Lorraine et le duché de Bar à la France, mais conserve le titre de duc de Lorraine et duc de Bar qu’il transmet à ses descendants. Du coup, cette branche de la maison Lorraine est devenue la maison de Habsbourg Lorraine.

Une transformation qui va avoir des retombées pour l’église des Cordeliers et Nancy en 1951. Cette année-là, le prince Otto de Habsbourg, arrière-petit-neveu de l’empereur François-Joseph, va convoler et choisit naturellement Nancy pour se marier. L’église des Cordeliers reçoit les têtes couronnées et se trouve mise à la une de tous les médias de l’époque. Il est resté fidèle à la demande de son père qui lui aurait dit : « N’oublie pas la Lorraine ».

Dans les environs de l’église des Cordeliers

La chapelle des Cordeliers pratique

  • Ouverture de 10h à 12 h et de 14 h à 18 h du mardi au dimanche
  • Gratuit
  • 66 Grande Rue 54000 Nancy

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